- Argumentaire
Aujourd’hui plus que jamais, la problématique des valeurs est à l’ordre du jour ; elle devient
une thématique privilégiée dans presque toutes les disciplines qui prennent l’homme et la société
comme objets d’étude. La première acception du concept de valeur est celle fournie par le
Dictionnaire historique de la langue française, (1998) ; le mot « valeur » est dérivé du latin « valere
» (valoir = être fort, puissant, en bonne santé). Au treizième siècle, ce mot s’applique aux choses
pour désigner leur caractère mesurable : valeur d’échange pour un bien (un bijou), valeur
marchande ; de cette idée de mesure, le terme connaîtra un glissement de sens pour s’appliquer au
domaine de l’art (musique, peinture). Il a fallu attendre le dix-neuvième siècle pour voir apparaître
l’usage abstrait de ce que le jugement personnel estime vrai, beau, bien, et ce jugement qui donne
ce qu’on appelle « échelle de valeurs » ou « système de valeurs ».
Par la suite, la philosophie et la sociologie donneront rapidement aux valeurs un caractère
collectif, voire universel et seront associées à des notions positives ayant une connotation morale.
Les valeurs serviront alors comme des repères aux individus dans la conduite de leur vie sociale
et on leur rattache également des règles de comportement sociales dont la transgression peut être
sanctionnée.
La sphère de l’éducation et de l’enseignement est préoccupée par cette thématique
pressante. C’est notamment le domaine large de l’éducation qui semble interpellé et préoccupé par
cette urgente question de transmission et de réception des valeurs à une époque caractérisée de
plus en plus par une régression des principes éthiques, et ce, à tous les niveaux du processus
éducatif allant de l’enseignement aux stratégies d’apprentissage, en passant par les enjeux de la
formation des agents éducatifs en général. Le phénomène touche aussi le domaine de la recherche
en éducation et plus particulièrement en didactique des langues et des cultures.
A vrai dire, le système éducatif marocain ne cesse d’attirer l’attention sur la notion des
valeurs. Tous les documents officiels lui réservent des chapitres explicatifs ; La Charte Nationale
d’Education et de Formation stipule par exemple que le système éducatif marocain qui est imprégné
par les principes et les valeurs de la foi islamique « vise à former un citoyen vertueux, modèle de
rectitude, de modération et de tolérance, ouvert à la science et à la connaissance et doté de l’esprit
d’initiative, de créativité et d’entreprise ». Les Orientations Pédagogiques stipulent aussi que
l’enseignement du français au lycée est fondé sur deux entrées : une entrée par les compétences et
une autre entrée par les valeurs ; ceci sans oublier les propositions du Conseil Supérieur de
l’Éducation, de la Formation et de la Recherche scientifique pour promouvoir l’enseignement des
valeurs. C’est dire l’importance de cette thématique axiologique dans la formation de l’élève
d’aujourd’hui, citoyen de demain.
Pour débattre de la place et l’utilité des valeurs en éducation, avec un intérêt particulier
pour le contexte éducatif marocain, quatre axes sont proposés aux intervenants qui sont invités à
présenter une proposition de communication et d’atelier.
Un axe épistémologique où il sera question d’expliquer le regain d’intérêt actuel de cette notion à
la fois riche et complexe et de préciser dans quelle mesure l’institution scolaire dans son ensemble
doit prendre le parti de s’intéresser à la perpétuation de certaines valeurs ou de privilégier
entièrement une certaine neutralité axiologique. Comment cette thématique intéresse-elle les
chercheurs en éducation et en didactique ?
Un axe éducatif et didactique qui examinera les questions suivantes proposées à titre
d’indication : Quelle plus-value une réflexion sur les valeurs ajouterait-elle au débat général sur la
performance du système éducatif marocain ? Comment aider les élèves à distinguer les
connaissances des croyances ? Comment enseigner les valeurs à travers quelques supports
didactiques comme les manuels, les œuvres littéraires, les documents iconiques et numérisés ?
Quels corpus textuels, iconique ou numérique proposer pour favoriser l’investissement éthique
des élèves ? Quelles démarches didactiques pour enseigner les valeurs ? Comment évaluer les
valeurs ? Comment aborder les valeurs universelles ? Comment aborder les valeurs dans les
différentes activités d’enseignement (lecture, langue, activités d’expression) ? Quels types de
rapports l’acteur éducatif entretient-il avec l’éthique ?
Un axe culturel autour de l’enseignement du texte littéraire. Comment, le texte littéraire peut-il
être un moyen et un prétexte pour étudier la dimension interculturelle et la problématique de
l’altérité ? Dans quelle mesure, certaines pratiques discursives comme les traductions et les
adaptations favorisent-elles l’initiation des apprenants aux valeurs universelles ?
Un axe techno-pédagogique : Quels rapports entre les nouvelles technologies et les valeurs : quels
types d’influence ? Peut-on parler de prolongement, de renouvellement ou de rupture ? - Bibliographie sélective
– Conseil Supérieur de l’Enseignement, 2017, L’Education aux valeurs, Publications du
– Conseil Supérieur de L’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique,
Rabat.
– Jean Houssaye, 1992, Les valeurs à l’école. L’éducation aux temps de la sécularisation.
Paris, PUF. Coll. Pédagogie d’aujourd’hui, p.39
– Reboul, O, 1992, Les valeurs de l’éducation, PUF
– Rouiller, Y. et Howden, J, 2010, La pédagogie coopérative : reflets de pratiques et
approfondissements, Montréal, Chenelière éducation
– Todorov, T, 2007, La littérature en péril, Flammarion